Pourquoi mener une 1èrecampagne de sensibilisation générale ? JS :“Notre volonté était de sensibiliser globalement la inciter une femme enceinte à se poser la question de population à ce risque, au‑delà des actions déjà menées prendre ou non un médicament et à ne pas décider seule. notamment auprès des médecins généralistes avec le Il fallait également pousser au dialogue car il ne s’agit Collège de la médecine générale. C’est effectivement une surtout pas d’interdire lors de cette période la prise de première pour l’Agence qui axait jusque‑là ses actions tout médicament. S’il faut arrêter le tabac ou l’alcool, de communication sur des produits spécifiques.” il ne faut pas stopper un traitement pour une maladie EV : En 2017, nous avons créé une entité pluridisciplinaire, chronique par exemple sans avis médical. Pour chaque “ médicament, même ceux jugés anodins présents dans dédiée à la problématique des médicaments au cours de la grossesse au sein de la direction de la surveillance. son armoire à pharmacie, le bénéfice et le risque doivent Cette même année, une session plénière du congrès être analysés. Il faut également inciter à poser la national de la médecine générale et une plaquette question à un professionnel de santé à chaque stade de pour les médecins généralistes ont constitué la première la grossesse ‑ voire même avant ‑ car le risque existe pierre de notre action pour sensibiliser à ces risques. dès le premier trimestre de grossesse. Sur ce point, nous Mais, compte tenu des opinions, des idées fausses et devions contrer une idée fausse : seulement 10% des des comportements, il fallait alerter plus largement femmes parlent de leur grossesse à leur généraliste lors les futurs parents, leur entourage familial et amical, du 1 trimestre, ignorant qu’un médicament peuter les sages‑femmes, les pharmaciens, les dentistes, les provoquer une malformation majeure des organes du kinésithérapeutes, toutes celles et ceux qui peuvent fœtus et impacter la santé à long terme de l’enfant.” Comment avez-vous construit et diffusé cette campagne ? JS :“Notre objectif était de diffuser les messages pour les produits qui nous semblent naturels comme les et les outils les plus concrets et pratiques possible. huiles essentielles. Il est indispensable, en cas de maladie Pour les co‑construire, nous avons mobilisé toutes les chronique, de ne pas arrêter de soi‑même un traitement parties prenantes concernées : médecins généralistes, au risque de déséquilibrer sa maladie. Enfin, informer tous gynécologues, sages‑femmes, pharmaciens, associations les professionnels de santé consultés est essentiel pour de patients. Deux cibles ont été distinguées : d’une part bénéficier de la meilleure prise en charge au regard de la les professionnels de santé, d’autre part le grand public. grossesse.” Les messages et les outils ont été adaptés à chacune. JS :“Outre notre plan de communication externe Notre réflexion collégiale a permis de définir les quatre incluant pour la première fois de l’achat d’espace, règles d’or à suivre, ainsi que l’ensemble d’un dispositif un plan de communication interne sans précédent a été trèsinnovant, diffusé en deux vagues(34) mis en œuvre. Acteurs, relais, ambassadeurs… les .” 1 000 collaborateurs de l’Agence ont été impliqués via EV :“Ces règles d’or sensibilisent et informent sur les un accompagnement pédagogique sur les enjeux quatre risques majeurs encourus si une femme enceinte et le positionnement de la campagne (webconférence, ne dialogue pas avec un professionnel de santé avant quiz pédagogique, interviews, banderole) et une boîte à toute prise de médicament. Il est aussi important outils leur a permis de relayer les messages (signature de savoir anticiper car certains traitements peuvent électronique, incitation à partager les posts des réseaux persister dans l’organisme pendant longtemps voire sociaux), avec une attention particulière portée à la page plusieurs années. Il faut impérativement oublier Facebook, outil majeur de diffusion de la campagne et l’automédication et demander un avis, et ce même nouveau moyen de communication pour l’ANSM.” Avez-vous atteint votre objectif ? JS :“Les résultats sont en effet très satisfaisants EV :“Notre cible évolue chaque année, avec 900 000 car sensibiliser est un préalable pour créer un réflexe. nouvelles femmes enceintes, ainsi que les moyens d’attirer Mais nous savons aussi que pour modifier efficacement leur attention via notamment les réseaux sociaux. À tous, les comportements, la répétition est indispensable. nous devons faire comprendre qu’il ne faut ni prendre, C’est déjà pour cette raison que nous avons diffusé ni arrêter un médicament sans avis. Pour mesurer si nos cette campagne en deux phases cette année, en faisant règles d’or ont bien été entendues, nous avons donc prévu évoluer de l’une à l’autre notre dispositif, et que nous de refaire fin 2022 et régulièrement notre enquête échangeons en permanence sur la page Facebook dédiée d’opinion. Parallèlement, nous allons donc continuer à que nous avons lancée. C’est aussi pour ancrer ce réflexe co‑construire avec toutes nos parties prenantes nos et à terme de nouveaux comportements que nous avons messages afin qu’ils soient les plus justes et permettent déjà programmé un prolongement de cette campagne ainsi à toutes les femmes en attente d’un enfant de vivre en 2022, avec un focus sur l’allaitement.” une grossesse épanouie, en toute sécurité.” (34) Lire aussi “Enceinte, les médicaments, c’est pas n’importe comment !” : lancement de la toute première campagne de santé publique de l’ANSM, page 35� Rapport d’activité ANSM 2021 |51